Sororité Adelphité, draps brodés, dimensions variables, Cami GIRARD, 2020.
Sororité Adelphité est une installation en cours de réalisation comprenant, à ce jour, 6 draps sur lesquels sont brodés des témoignages d’agressions sexuelles et viols de mes proches (ami.e.s, amours, famille). Ce projet fait écho à une manifestation statique initiée par les Soeurcières de Caen puis transposée à échelle nationale qui est donc l’origine de cette installation. Elle mêle violence et douceur, domestique et publique, plasticité et politique.
Cette pièce est une tentative de réappropriation d’une forme militante pour en sortir une production plastique. Pour cela, j’ai utilisé du linge de lit récupéré pour évoquer l’intimité, la solitude, le couple. Chaque drap représentait initialement une personne, une phrase choisie par les victimes, pour témoigner des agressions sexuelles subies, était brodée en son centre. Nonobstant, les deux derniers draps, deux places, brodés comprennent deux et quatre témoignages chacun.
En effet, par ce travail du textile à travers la broderie, je m’inscris dans une lignée féministe d’artistes ayant usé du tissu, des fils et des aiguilles pour ancrer leurs combats et comme l’a écrit Aline DALLIER « contribuer à effilocher l’ordre établi ».
Je suis à l’intersection de nombreuses pratiques militantes et artistiques que l’on retrouve à la fois dans les pièces de Babi BADALOV peignant sur du tissu récupéré des slogans à la fois poétiques et politiques. Leo CHIACHIO et Daniel GIANNONE couple d’artistes argentins, travaillent à quatre mains pour broder leurs traditions dans un monde des plus fantasmagoriques. Ou encore l’artiste Raymonde ARCIER féministe active, elle crochette ses engagements et idées. Billie ZANGEWA quant à elle brode un quotidien contemporain qui devient ainsi prétexte à une réflexion politique sur l’identité qui questionne les stéréotypes de genre et les préjugés raciaux.


